“La musique de ce quartette organisé par Adam Linson, contrebassiste né à Los Angeles résidant à Berlin, s’inscrit dans ces démarches, pas si nombreuses que ça, qui tentent de dépasser le domaine, et le concept, de l’improvisation libre, pour se projeter au-delà de l’
instant, de l’échange et de la simple rencontre ponctuelle. Nous sommes donc en présence d’une construction improvisée très spatiale où les instruments acoustiques se meuvent dans un contexte largement électroacoustique (selon le sens que l’on donnait à ces musiques il y a quelques décennies), des sons qui s’entendent
en perspective, sur différents plans. Les quatre protagonistes bâtissent avec une maîtrise saisissante une architecture sonore et
musicale — insistons là-dessus, il ne s’agit ni d’un habillage ni d’un
environnement —, une véritable mise en espace qui conduit l’auditeur à déplacer son écoute en suivant la progression de la pièce musicale. Bien évidemment, la qualité des sons s’avère prépondérante : parfois rugueux, grinçants, métalliques, « industriels », parfois cosmiques, profonds, toujours disposés sur plusieurs plans, des plus proches aux plus lointains. De véritables
courants d’air conduits avec maîtrise par ces improvisateurs hors pair que sont les Allemands Axel Dörner et Rudi Mahal, habitués à jouer ensemble, et le grand chercheur vétéran anglais Paul Lytton. Pour auditeurs hardis, aventureux et passionnés. Remarquons la participation, à la production et au graphisme, d’Evan Parker.”
— Jean Buzelin, CultureJazz, France